Noël 1996, instinctivement je me mis à souffler sur la vitre glacée de la baie vitrée du salon. Mon doigt parcouru la surface de la vitre, Noël 1979, me revint à l’esprit.
Regarde, j’ai dessiné le père Noël… Cette petite voix me trottait dans la tête, Milla, mon amie d’enfance venait de lancer notre concours de dessin sur vitres embuées.
Les parents de Milla, les Giovanni, laissaient souvent leur fille venir jouer à la maison. Ma mère, Annie, réalisait des tableaux à la maison et était donc souvent chez nous, ce qui leur rendait bien service et faisait mon bonheur.
Son talent lui avait permis d’exposer dans la galerie de notre petite ville et de vendre quelques-unes de ses œuvres. Son style très diversifié oscillait de la peinture avant gardiste au paysage classique. Son inspiration, disait-elle, lui venait de ses rêves et de son quotidien, cela laissait un large spectre à son imagination.
Milla, ce petit bout de femme de cinq ans, aux lourdes boucles noires et aux yeux couleur noisette était affublée de la parfaite tenue de Noël, le pull magique des rennes du père Noël tricoté par ma mère, associé au mien, représentant un élégant sapin de Noël avec des bougies brodées couleur or.
Elle était excitée, le père Noël passait ce soir, je vins la rejoindre et dessinai un énorme sapin avec au pied des cadeaux disproportionnés.
Les deux artistes en herbe que nous étions, prirent du recul pour admirer leur chef d’œuvre. Milla fit la moue en retroussant son petit nez.
- Tu crois qu’il va aimer ?
Je soufflai. Nos dessins ne ressemblaient pas à grand-chose. Mais comme disait mon père, c’est l’intention qui compte, cela devrait lui plaire. Et c’était le Père Noël…
Ma mère nous interrompit pour annoncer solennellement que les cookies étaient prêts.
Au moment de se jeter sur ces délices, elle nous intima d’aller nous laver les mains et de me brosser les cheveux. C’est vrai que mes cheveux blonds moins disciplinés que ceux de Milla avaient l’allure d’une botte de foin teintée de reflets roux.
Les mains lavées, nous dévorâmes les cookies tièdes au chocolat fondant. Un délice.
- Lise, laisses en au père Noël, me dit mon père en levant les yeux de son journal avec un sourire malicieux.
Mon père Michel était le plus incroyable des papas, c’était mon héros, toujours calme, gentil et attentif, il était aussi un colosse sur lequel ma mère, toute frêle s’appuyait avec amour...

Les images du barbecue de l’année 1979 lui revinrent à l’esprit. Claudia était magnifique, c’était une femme accomplie, tellement plus animale que sa femme.
Elle n’avait l’air d’avoir aucun tabou.
C’est vrai qu’elle l’avait chauffé au barbecue, susurrer des mots tendres à l’oreille. Il avait eu du mal à cacher son émoi à Beth, mais il avait réussi.
Ce que Beth ignorait, c’est que cela avait été plus loin, beaucoup plus loin…
Vincent voyait régulièrement Claudia bronzée dans son jardin, elle lui faisait toujours des avances, dépliait et repliait ses longues jambes en le regardant avec insistance.
Cette femme lui plaisait, c’était le fruit interdit, la petite folie qui lui manquait dans sa vie. Beth était adorable, intelligente, drôle voir émouvante, mais leurs rapports sexuels s’essoufflaient et étaient de plus en plus espacés.
Claudia l’attirait inexorablement. Il passait des heures dans son jardin, sans oser l’aborder, de peur d’être vu par Beth.

Puis il y eut ce jour béni, la mère de Beth tomba malade au mois d’août 1979, elle était veuve et ne pouvait s’occuper d’elle seule. Beth accourut à son chevet et passa une semaine avec elle.
Le bonheur est que cela coïncida avec un déplacement de Giorgio à Paris.

Le lendemain du départ de Beth, Vincent se rendit dans le jardin, Claudia était là, allongée, elle avait mis un bikini rouge, un chapeau en paille et de grosses lunettes noires cachaient ses yeux.
Elle était tellement sexy, attirante. Il l’appela.
- Claudia, je peux venir quelques instants ?
Elle acquiesça aussitôt, Vincent escalada prestement le petit muret du fond du jardin et rejoignit Claudia.
- Giorgio est en déplacement ? Je n’ai pas vu sa Mercedes...